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« Ne pas oublier pour ne jamais recommencer »
Plus de mille personnes étaient réunies cet après-midi du 17 juillet 2022 à 14h, sous une chaleur torride, pour inaugurer ensemble, autour du Président de la République Emmanuel Macron, de ministres, de députés, d’élus, de collectivités locales, de représentants de la SNCF, de familles d’anciens déportés, de personnes invitées et impliquées, le nouveau musée du Mémorial de la Shoah dans la gare de Pithiviers (Loiret).
Les invités se sont installés pendant que le président de la République visitait le musée. Des vidéos de témoignages et d’explications ont pu être visionnées pendant ce temps. Éric de Rothschild, président du Mémorial de la Shoah, puis le président de la République Emmanuel Macron, ont prononcé chacun un discours vibrant rappelant les faits, mais également mettant en garde contre l’antisémitisme rampant qui se cache derrière certaines prises de position actuelles, et soulignant le fait que nous sommes tous acteurs de notre avenir. Les personnalités présentes ont à l’issue de cette inauguration salué les invités. L’événement s’est terminé vers 19h.
Notre association Je m’engage pour l’école! a été dignement représentée par notre présidente Ilana Cicurel, qui avait fait le déplacement, ainsi que par notre secrétaire générale et coordinatrice Loiret, Sylvie Gouchet, et des membres locaux et des jeunes de notre association. Une rencontre a ainsi eu lieu entre notre équipe JMPE! et le ministre de l’Education Nationale, Pap Ndiaye, présent à cette inauguration, qui a assuré vouloir mettre en place des actions fortes pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme au sein de l’Éducation Nationale.
Cette gare, à quelques pas du camp de Pithiviers maintenant détruit, fut le théâtre tragique d’un épisode noir de notre histoire française et européenne, celui des « bus de la honte » et des « trains de la mort » du 25 et 28 juin 1942, du 17 et le 20 juillet 1942, du 3, 5 et 7 août, puis du 17 au 28 août pour les enfants, pour terminer par celui du 21 septembre 1942.
La plupart de ces personnes étaient originaires de Paris et ont été acheminées depuis le Vélodrome d’Hiver dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande avant d’être transportées par train jusqu’à Auschwitz et Birkenau. Il s’agit de la première arrestation massive de juifs en France. De ces 16 000 femmes, hommes et adolescents, une infime partie est revenue. De ces 4 700 enfants, aucun. On ne peut qu’imaginer, en parcourant les salles de ce musée-mémorial et en découvrant l’exposition, les cris déchirants des mamans à qui l’on a arraché les enfants – pour leur plus grand malheur, aux unes comme aux autres. On ne peut qu’imaginer l’angoisse de ce que l’on n’osait penser, probablement teinté d’espoir fugace de jours meilleurs. On ne peut qu’imaginer les paroles rassurantes des parents pour mieux se convaincre de ne pas désespérer. Le musée montre les photos de ces milliers de juifs qui sont passés par la gare – mur de photos, clichés agrandis, montages vidéo de ces visages à la fois souriants et crispés. Les murs ont retrouvé leur aspect dépouillé d’antan pour mieux servir d’écrin à l’exposition. Il faut noter qu’aucun officier allemand ne participa à cette rafle du Vel d’Hiv et au transit vers les camps de Pithiviers et Beaune, pas plus qu’au transfert dans les trains en partance pour la Pologne. Ce sont des policiers en uniforme, des policiers français, qui ont fait le travail. Tous, cependant, ne sont pas à mettre dans le même panier. Certains ont détourné la tête lorsque des mamans ont renvoyé leurs enfants loin des camps – parfois au prix de mensonges ou d’arguments difficiles à trouver – pour leur sauver la vie. Cette participation active de la France de Vichy a été soulignée dans les discours. Le 16 juillet 1995, le président Chirac fut le premier à reconnaître officiellement que « la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ». Jamais depuis cela n’a été démenti. Le président Emmanuel Macron solde ainsi en ce 17 juillet 2022 la période de déni des exactions de la France de Vichy. 80 ans jour pour jour après les faits, la vérité est rétablie. Comme à Birkenau, les rails et les quais portent témoignage s’il en faut de ces convois de l’horreur et de la haine qui ont permis ces crimes. Les herbes folles sur les voies et les grilles le long de ces dernières sont autant de preuves que le temps de la reconnaissance est arrivé. Cette gare est désormais un lieu de mémoire : « ne pas oublier pour ne jamais recommencer ».
Adresse du musée : Rue Jules Morin, 45 300, Pithiviers
Le Mémorial de la Shoah de Pithiviers est ouvert tous les jours, sauf le samedi de 10h à 18h et nocturne le jeudi jusqu'à 22h. Ouverture exceptionnelle le lundi 18 et mardi 19 juillet de 11h à 18h, et du 20 juillet au 31 août, du mercredi au dimanche de 11h à 18h. À partir du 1er septembre : samedi et dimanche de 11h à 18h. À partir du 1er octobre : samedi et dimanche de 14h à 18h. Ce musée est gratuit.